L’homme* de Néandertal (neanderthal)

Retrouvé, jusqu’à ce jour uniquement en Europe, l‘homme de Neandertal serait apparu il y a environ 300.000 ans. Il serait l’évolution d’une population d’Homo heidelbergensis européenne.
Longtemps discutée, sa position phylogénétique (1) expose aujourd’hui l’homme de Neandertal comme une espèce à part entière (Homo neandertalensis ou Homo neanderthalensis) qui a disparu il y a environ 30.000 ans.
L’homme de Neandertal doit son nom à la découverte de quelques ossements, en 1856, dans une carrière du vallon de Neander, d’où le terme de Neanderthal ( en allemand, Thal signifie vallée). D’autres exemplaires de la même espèce avaient déjà été trouvés à plusieurs reprises au XIXe siècle.
Les néandertaliens connaissaient le feu, taillaient la pierre pour fabriquer des outils (industrie moustérienne), chassaient le mammouth, faisaient des bijoux et réalisaient des sépultures. On ne sait pas encore si ils parlaient ni la cause exacte de leur disparition bien qu’une piste « génocidaire » de la part de Homo Sapiens est étudiée.

Phylogénie

La phylogénie (terme inventé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel, après les travaux de Jean-Baptiste Lamarck en 1809 et de Charles Darwin publiés en 1859,) est l’étude des liens existant entre espèces apparentées qui permet de retracer les principales étapes de l’évolution des organismes depuis un ancêtre commun et, ce faisant, de classifier plus précisément les relations de parentés entre les êtres vivants.

Le Dendrogramme (représentation phylogénétique) illustre la parenté entre tous les êtres vivants. Le centre du graphique pointe l’ancêtre commun à tous les organismes actuels. La distance entre chaque groupe indique leur proximité génétique. (© User A1, Wikipédia, DP)

Homo*

Homo, en latin, signifie « homme », « être humain », au sens générique. Alors que vir désigne l’« homme » au sens de « mâle », opposé à femina, « femme ». Le mot dérive du latin archaïque hĕmo, lui-même issu de l’indo-européen *dʰǵʰm̥mō (« [chose / fils] de la terre »).

Croisement et Divergence

Les lignées de l’homme de Neandertal et d’Homo sapiens auraient divergé il y a environ 500.000 ans. Originaire d’Europe, l’homme de Néandertal a migré plus à l’Est, vers le Proche-Orient et l’Asie il y a 100.000 ans environ. L’homme de Neandertal a cohabité avec l’homme de Cro-Magnon, Homo sapiens, pendant des dizaines de milliers d’années. Il a aussi cohabité avec l’homme de Denisova, qui a lui aussi disparu, et avec qui il a pu avoir des rapports sexuels.

Lorsque les premiers groupes d’humains modernes se sont déplacés hors de l’Afrique, ils ont pu rencontrer et s’accoupler avec des Néandertaliens. Cette rencontre a pu se faire dans la riche vallée du Nil, le long des collines côtières du Moyen-Orient, ou dans la péninsule arabique. Lorsque Homo sapiens s’est répandu ensuite en Eurasie, il portait déjà en lui de l’ADN de Néandertal dans ses cellules. Ce premier groupe d’hommes modernes s’est ensuite éteint, mais son ADN a persisté dans les Néandertaliens qui ont migré en Sibérie. Il y a 50 000 ans, un autre groupe d’hommes modernes a quitté l’Afrique et a croisé à nouveau les Néandertaliens d’Eurasie. A nouveau les deux espèces ont eu des rapports sexuels féconds.

Des gènes néandertaliens sont présents dans l’ADN de populations eurasiennes. Des croisements ont pu avoir lieu entre néandertaliens et hommes modernes, mais aussi entre néandertaliens et hommes de Denisova.

Ancêtre commun

L’analyse de l’ADN nucléaire de spécimens fossiles d’Homo sapiens, d’Homme de Néandertal et d’Homme de Denisova, menée en 2016 par une équipe de scientifiques coordonnée par Svante Pääbo de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste, à Leipzig, en Allemagne, a montré que l’Homme de Denisova et l’Homme de Néandertal avaient un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans, et que tous deux partageaient avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans. Ces résultats s’appuient notamment sur l’analyse de deux spécimens fossiles de la Sima de los Huesos (Espagne), datés de 430 000 ans, attribués à l’Homme de Néandertal, et jugés postérieurs à la séparation d’avec l’Homme de Denisova21. Pour la première fois, les liens entre différents représentants du genre Homo ont pu ainsi être établis.

Cerveau

Le cerveau de l’homme de Neandertal était plus gros que celui d’Homo sapiens, avec un volume supérieur de 15 à 20 %. Celui des néandertaliens est étiré vers l’arrière et présente un front fuyant, une face prognathe, et des bourrelets sus-orbitaires. Le corps de Neandertal apparaît plus trapu que celui de Cro-Magnon. Des caractéristiques souvent présentées comme une adaptation au froid.
Le cerveau, siège des fonctions supérieures (fonctions cognitives, sens, réponses nerveuses) et végétatives est un organe essentiel assurant la régulation de toutes les fonctions vitales. Il reçoit des informations provenant de l’ensemble du corps humain via des nerfs afférents, les intègre et les analyse puis répond en émettant de nouveaux signaux qui redescendent vers les parties du corps concernées par les nerfs efférents.
Le cerveau est ainsi responsable du rythme cardiaque et respiratoire, des fonctions qui pour nous sont inconscientes. Et il est aussi impliqué dans la prise de décision, dans la motricité du corps, le comportement, la mémoire, la conscience…

L’Homme* de Denisova

L’Homme de Denisova, ou Dénisovien, est une espèce éteinte du genre Homo, identifiée par analyse génétique en mars 2010 à partir d’une phalange humaine fossile datée d’environ 41 000 ans, trouvée dans la grotte de Denisova, dans les montagnes de l’Altaï dans le sud-ouest de la Sibérie (Russie) près de la frontière avec la Chine et la Mongolie. C’est un ermite russe, Denis, qui y vécut au XVIIIe siècle, qui dénomma cette cavité. Elle fut explorée pour la première fois dans les années 1970 par le paléontologue russe Nikolaï Ovodov qui cherchait des fossiles de canidés.
L’équipe a isolé le chromosome 21 issu de l’ADN de cette néandertalienne de Sibérie et l’a comparé avec le chromosome 21 de l’ADN de l’homme moderne et celui de deux autres Néandertaliens (grotte El Sidrón, en Espagne, et grotte Vindija, en Croatie). L’analyse du génome nucléaire a montré que les Dénisoviens partageaient un ancêtre commun avec les Néandertaliens, et qu’ils se sont hybridés avec les ancêtres de certains hommes modernes (3 à 5 % de l’ADN des Mélanésiens et des Aborigènes d’Australie est issu des Dénisoviens). De même, ils auraient transmis aux Tibétains un gène permettant leur adaptation à la vie en altitude.
Le résultat est inattendu puisque le Néandertalien de l’Altaï partage plus d’ADN avec les hommes modernes qu’avec les deux autres Néandertaliens européens ! Au global, les chercheurs ont trouvé qu’environ 1 % à 7,1 % de l’ADN de cette néandertalienne sibérienne de 50 000 ans avait des traces d’ADN d’Homo sapiens.